Comprendre le « baby blues » et le prévenir par la naturopathie
- quincailleriesante
- 24 avr.
- 6 min de lecture

Vous venez d’accueillir votre enfant dans votre famille? Félicitations!
Vous devez être au comble de la joie? ou peut-être que ce que vous ressentez
est un peu plus compliqué?
L’arrivée d’un enfant dans une famille demande beaucoup d’adaptations en peu
de temps pour les parents. La mère vit de grands changements anatomiques et
aussi hormonaux. Par exemple, saviez-vous que les niveaux de progestérone et
d’œstrogènes augmentent énormément pendant la grossesse? Hé oui!
L’équivalent de prendre 10 pilules contraceptives par jour! Puis à peine trois jours
après l’accouchement la quantité d’hormones revient au niveau avant la
grossesse. C’est très rapide. Il n’est donc pas étonnant que les premiers temps
suivant l’accouchement la mère se sente submergée par des émotions intenses
apparaissant de façon très soudaine.
Plus de 80% des femmes vivent cela dans les premiers temps après
l’accouchement : c’est ce qu’on appelle le « baby blues » ou le « blues »
postpartum.
Le « blues » post-partum
Le baby blues peut survenir dans les jours, voire les semaines suivants
l’accouchement. Il dure généralement quelques heures à quelques jours. Chez
certaines femmes, il sera plus prononcé. Cet état, généralement transitoire,
disparaît spontanément après une courte période.
Les symptômes suivants peuvent être observés :
Changements d’humeurs soudains : se sentir joyeuse puis triste la minute
suivante
Irritabilité
Anxiété
Insomnie
Se sentir dépassée
Tristesse et pleurs, parfois sans raison apparente
Est-ce le « blues » post-partum ou la dépression postpartum?
La dépression postpartum présentent des symptômes plus intenses et
persistants. Elle peut survenir à tout moment au cours de la première année
après l’accouchement, avec un risque plus grand entre le 3e et le 6e mois post-
partum.
Chez certaines femmes, la baisse importante de progestérone après
l’accouchement peut rapidement déclencher un état dépressif.
Voici les signes de la dépression post-partum :
une difficulté à créer un lien d’attachement avec le bébé,
démontrer soit un intérêt excessif envers l’enfant (incapacité de laisser
l’autre parent prendre le bébé par exemple) soit un désintérêt profond. Par
exemple, la mère ne veut pas tenir son bébé,
avoir régulièrement des pensées très négatives, et parfois même des
idées noires, voire suicidaires,
penser qu’elle serait mieux si le bébé n’existait pas ou si quelqu’un d’autre
s’en occupait à sa place,
le découragement ressenti est permanent,
et la mère a tendance à s’isoler.
Les signes doivent être présents pendant au moins 2 semaines pour qu'on
puisse parler de dépression post-partum. Si vous vous reconnaissez ou si vous
reconnaissez votre conjointe ou une femme de votre entourage, allez chercher
de l’aide rapidement. C’est une condition qui nécessite une attention médicale.
Le premier réflexe pourra être d’appeler à Info-Social au 811, option 2, disponible
24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Prévention du « Baby Blues » par la naturopathie
Quoique le « blues » post-partum part généralement de lui-même et en peu de
temps, il est important de prendre soin de vous. De simples ajustements au
mode de vie pourront influencer positivement votre état psychologique, ainsi que
les niveaux d’hormones et de neurotransmetteurs. Cela pourra aussi diminuer le
risque de faire une dépression post-partum ou en limiter la sévérité.
Voici quelques idées pour vous aider à vous préserver et à vous remettre en
douceur après l’accouchement :
1. Tout d’abord, comprendre les processus physiologiques derrière votre
état peut être très réconfortant. Savoir qu’il est normal de vivre ces
émotions intenses et fluctuantes au début et que tout rentrera dans l’ordre
permet de relativiser. «Non, je ne suis pas folle!»
2. Ensuite, on ne recommandera jamais assez aux parents de nourrisson de
se reposer. Je vous conseille donc de dormir quand votre bébé dort. Du
moins pour quelques temps. Le ménage pourra attendre!
3. Idéalement pendant les premières semaines, vous obtiendriez de l’aide de
votre conjoint(e), de la famille et de certains amis. Mon expérience
professionnelle m’a maintes fois démontré que souvent les mères n’osent
pas demander de l’aide et refusent même par politesse l’aide offerte par
l’entourage. Voyez les choses autrement : La personne qui propose son
aide aimerait se sentir utile. Donnez-lui cette chance.
Dans plusieurs quartiers, il existe des organismes communautaires offrant
le service d’aide aux relevailles. Ça vaut la peine de se renseigner. J’ai
moi-même été marraine aux relevailles pendant plusieurs années. Je
peux affirmer que le soutien sans jugement d’une autre mère peut
vraiment remonter le moral et aider à valider les parents dans leur rôle. Ça
permet aussi de se reposer.
4. Je vous encourage à communiquer votre ressenti à une personne de
confiance. Sortez de l’isolement.
Renseignez-vous aussi sur les activités organisées par les organismes
dédiées à la famille dans votre quartier. La plupart d’entre eux propose
des déjeuners causeries, des ateliers entre parents. Sur place vous
retrouverez aussi des intervenantes à qui vous confier au besoin.
5. Faite preuve d’humour : rire de ses maladresses, des oublis, de ses
erreurs et de celles du conjoint(e).
6. Sortez tous les jours au soleil! Juste le fait de sortir de chez soi permet de
s’aérer l’esprit et de sortir de la spirale négative. De plus, s’exposer à la
lumière naturelle influencera les taux d’hormones et aidera aussi à
réaligner le rythme circadien, facilement désynchronisé par le rythme du
bébé.
7. Être active physiquement. En prévention, la femme enceinte demeurera
active, dans la mesure du possible, tout au long de la grossesse : nage,
marche, yoga prénatal, etc. Intégrez des activités douces adaptées à vos
capacités de nouvelle mère.
Certains nutriments clefs
De nombreuses études ont fait un lien entre les carences nutritionnelles et l’état
psychologique de la mère. Si tous les nutriments en général sont importants,
ceux-ci le sont tout particulièrement :
fer,
B9 (acide folique) et vitamines B en général,
vitamine D,
magnésium,
sélénium
protéines
omégas 3
et zinc.
Dans le cas des femmes végétariennes, il sera important de porter une attention
particulière au fer et aussi à la B12. Ce sera aussi vrai si la mère a eu des pertes
sanguines importantes lors de l’accouchement.
Une alimentation variée, naturelle, riche en légumes, protéines et glucides lents
devrait être en mesure de vous apporter ces nutriments. Pour cela, je vous
suggère de prendre trois bons repas équilibrés chaque jour, contenant des
protéines, et d’ajouter des collations soutenantes au besoin, particulièrement si
vous allaitez.
Certains « superaliments » pourront venir bonifier l’alimentation de tous les
jours. Pensez aux:
algues comme le kombu. Pour bénéficier de leurs richesses en nutriments
ajoutez-en soit à l’eau du riz, à l’eau des pâtes, dans un gruau, une
recette de muffin, etc. Personnellement j’utilise des algues en flocons.
microalgues comme la spiruline, une vraie multi alimentaire! L’équivalent
de 1 à 3 cuillerées à thé seront suffisantes par jour. Commencez par le
plus petit dosage et augmentez graduellement pour éviter les inconforts
intestinaux.
graines variées telles que le chia, le lin, le chanvre et la caméline, riches
en protéines, en omégas 3 et aussi en une variété de vitamines et
minéraux
foie animal biologique, pour sa richesse en vitamines du groupe B, en fer,
en zinc, vitamine A et sélénium. Je suggère souvent aux femmes d’en
prendre une fois par semaine dans les premiers temps après
l’accouchement
pousses et germinations, un trésor de vitamines
légumes lactofermentés qui aideront la digestion et l’équilibre du
microbiote.
Il est possible que l’ajout d’un supplément soit pertinent. Renseignez-vous
auprès de votre naturopathe agréé.
L’acide folique (B9) pas que pour la grossesse
Toutes les femmes se font dire de prendre un supplément d’acide folique dès
qu’elle mijote le plan d’être enceinte. Selon les études, la prise d’un supplément
d’acide folique diminue grandement les risques de malformations diverses chez
le bébé dont celles du tube neural. Mais ce n’est pas tout.
La B9 pourrait aussi avoir des impacts sur l’humeur. En effet, une étude de
grande envergure publiée en 2017 a observé que les mères ayant pris le
supplément moins de 6 mois pendant la grossesse présentait un risque plus
élevé de faire une dépression post-partum, alors que celles qui l’avaient pris plus
de 6 mois, voyaient leur risque diminuer de façon significative.
La future mère aurait donc tout intérêt à poursuivre la prise de B9 tout au long de
sa grossesse. Elle s’assurera aussi de manger des aliments bien pourvus en
folate :
Légumes verts dont les légumes feuilles
Du foie animal bio (pas plus de 2 portions/sem à cause de sa richesse en
vitamine A)
Légumineuses
Noix et graines
Entre la grossesse, l’accouchement et les premiers temps de la période post
natale votre corps aura subi des changements importants.
L’arrivée de votre enfant bouleverse également votre sommeil, vos activités
quotidiennes et la dynamique de votre couple. Ouf! Prenez le temps de vous
installer dans cette nouvelle vie et de trouver l’équilibre familial.
Comme nous venons de le voir, des ajustements dans vos habitudes de vie
pourront vous soutenir et vous aider à vous sentir plus équilibré.
Pour finir : Prenez soin de vous. Reposez-vous. Et osez demander de l’aide.
Nathalie Béringhs, naturopathe agréée, spécialisée en périnatalité
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